lundi 13 octobre 2008

Lundi 13 Octobre - San Francisco

Dans quelques heures,
Je rentrerais dans mon troisième mois
Troisième et dernier mois aux USA.
Et soudainement, tout s'accélère.
Tout passe de plus en plus vite.
Je ne vois plus rien passé.
Plus le temps de faire grand chose,
Mes jambes se coupent,
Je suis comme bloqué,
Coincé, incapable de faire quoique ce soit.
Paralysé par des peurs qui se dessinent.
L'angoisse du retour, pas de rentrer, mais du retour
De ce trajet qui s'annoncent plus que long.
D'abord prendre un premier avion
Depuis Phoenix jusqu'à Montréal.
Puis attendre 24 heures et en reprendre un autre,
Pour Zurich, et encore un autre
Une heure après, pour Paris.
Près de deux jours de voyages.
Entre coupé, pleins d'à-coups.
Deux jours, tout sauf franc.
Deux jours, que je monte et démonte
Que je construis et déconstruis
Que j'imagine et que je cauchemarde.

Je dois partir pour Seattle samedi prochain.
J'ai trouver un avion pas trop cher,
Mais une fois de plus,
Ma carte refuse de passer.
Une fois de plus je suis bloqué.
Je dois partir, je dois bouger
Pour mon bien, pour ne pas trop rester.
Je dois m'en aller.
Aller voir ailleurs.
Je dois trouver les sacs à aspirer,
Je dois trouver la poste pour envoyer des affaires,
Je dois trouver l'énergie et la force
Et c'est sans doute cela le plus dur.
Le plus complexe.
Le plus insupportable.
On remet les échéances à plus tard,
On fait attendre.
On verra...plus tard.

Dans un pays si loin, si différent,
Dans un pays dont on ne parle pas la langue aisément
Ou tout simplement dont la langue n'est pas notre langue maternelle,
Il est important d'avoir des îlots,
Des petits îlots sur lesquels partir,
Se reposer, quelques instants.
J'ai pris deux îlots avec moi :
Ma musique
Mes livres
Quelques choses que l'on fait découvrir,
Que l'on partage, que l'on prête.
Prendre le temps de les montrer,
De les faire découvrir.
Dans la voiture entre Los Angeles et Guerneville,
Eddie a attrapé mon livre.
Le Paradis d'Hervé Guibert.
Il a lu la premier page à haute voix, en français.
Puis il s'est retourné sur moi, l'air triomphant.
Il m'a tendu le livre et m'a demandé de lire le même passage
De le relire, puis de l'expliquer.
Soudainement, il était sur mon îlot, avec moi.
Il était fier.

J'ai passé un Week End de folie avec des Fous
Dans un endroit qui ressemble à la Provence,
Qui me rapelle ma Provence.
Celle où j'étais gosse.
Celle qui a été vendu.
Celle de mes souvenirs.
Le nord de la Californie est donc pleins de surprise.
Et puis on y mange du sucre qui n'est pas du sucre
Mais qui est du sucre quand même.
On y vit doucement, sans se poser de questions.
Le Week End fut rythmé par un Chef Fantasque,
Ricardo... Il chantait Shirley Bassey en faisant des gateaux.
C'est une espèce de gros type jovial.
Un type qui se pose pas trop de question,
La gueule un peu cassée.
Il a même tenté de danser comme Sinatra.
Magique, le Week End était magique.

Mon Ventre ne me fait plus mal.
Et si dans deux ou trois ans,
Ce que je veux n'est pas,
Je reviendrais ici.
Pour plus longtemps,
Oui, je reviendrais,
Comme partout.

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